Il y a 7 ans, Alice, professionnelle de santé, a eu un déclic écologique, qui s’est avéré être un déclic santé puisque tout est lié, et s’est ainsi engagée sur le chemin de la santé-environnement !

En tant que kinésithérapeute, nous avons un rôle clé à jouer dans la transition écologique : nous avons donc eu envie de vous partager son parcours et ses actions.

Sommaire
1- Professionnelle de santé & écolo
2- Le rôle du kinésithérapeute en santé durable
3- Passer à l’action pour devenir kiné écoresponsable

Alice Baras, Professionnelle de santé et formatrice en santé durable.

Professionnelle de santé & écolo

Alice est chirurgien-dentiste. En 2016, après 15 ans d’exercice en cabinet et suite à un problème d’épaule, elle prend du recul par rapport à son exercice et dans la même période, ressent l’envie de s’« alléger » environnementalement parlant, en prenant conscience de la catastrophe écologique en cours. Elle se décide à réduire son empreinte écologique personnelle et professionnelle.

Motivée notamment par les questions de patients sur les produits utilisés pour les soigner ou le sort réservé aux déchets du cabinet (ça vous rappelle quelque chose ?), elle décide de trouver les pistes pour intégrer la démarche écologique au cabinet.

Alice se lance donc dans une série de formations pour creuser le sujet, en commençant par le management du développement durable en santé, et fait le lien de plus en plus entre écologie et santé. Puisque l’environnement est un déterminant majeur de la santé, prendre soin de notre environnement, des écosystèmes, c’est prendre soin de chacun. Elle poursuit avec un DU en médecine environnementale puis un DU de qualité, pour comprendre comment intégrer une démarche environnementale tout en garantissant la qualité des soins et la sécurité au patient.

L’écologie, ce n’est pas une option, c’est la santé !

Alice Baras, Professionnelle de santé et formatrice en santé durable.

La remise en question est permanente et le parcours de sa réflexion écologique lui permet aujourd’hui de mener et participer à des études impactantes. Elle a notamment participé au rapport du Shift Project qui pointe l’impact carbone de la santé qui représente 6 à 8% des émissions nationales de gaz à effet de serre en France. Or, défi de taille, l’objectif est de diminuer de 80% les émissions d’ici 2050 pour rester dans le cadre de l’Accord de Paris et espérer rester sous la barre des 2°C de réchauffement climatique global, préserver les conditions de vie et de bien-être qui ont permis notre développement jusqu’alors.

Lire The Shift project : Décarboner la santé, 2021. 


Pour transmettre ses réflexions, son expérience et le fruit de ses recherches et rencontres, elle a publié entre autres le guide du cabinet de santé écoresponsable et propose des formations continues aux professionnels de santé. Alice a veillé à être exhaustive dans la proposition qui va de la nécessaire approche systémique des enjeux santé-environnement à la mise en place de la démarche de santé durable et des écogestes au cabinet en passant par la valeur de l’écoresponsabilité en santé et le besoin d’innovations collectives en mode gagnant-gagnant.

Baras A. Guide du cabinet de santé écoresponsable. Les presses de l’EHESP, 2021.
Baras A. Guide du cabinet de santé écoresponsable. Les presses de l’EHESP, 2021.

Le rôle du kinésithérapeute en santé durable

Réduire de 80% les émissions de gaz à effet de serre pour le climat et préserver la biodiversité qui est en train de s’effondrer est un projet ambitieux. Comme tout professionnel de santé, le kinésithérapeute, peut y arriver en agissant sur ces deux pistes :

  • Réduire l’impact écologique de son exercice en étant acteur de la démarche écoresponsable et ambassadeur de celle-ci auprès des patients, leur donner envie d’agir également.
  • Faire de la prévention et de la promotion de la santé pour réussir à baisser la demande de soins. Moins de curatif, plus de préventif.

Et ça passe par exemple, par sensibiliser les patients et usagers à l’importance d’évoluer dans un environnement favorable au quotidien, réduire les expositions aux produits chimiques et aux perturbateurs endocriniens par exemple, et particulièrement pendant la période des 1000 jours.

Veiller à ce que la femme enceinte et l’enfant évoluent dans un environnement sain durant cette période (qui débute avant la grossesse et se poursuit jusqu’à ses 2 ans) permet de réduire drastiquement les risques de cancer hormono-dépendants ou d’obésité dans la vie du futur adulte.
Plusieurs outils pour le grand public dont le site de santé publique France Les 1000 premiers jours, pour les professionnels souhaitant se former, plusieurs formations disponibles, dont ce MOOC La prévention des risques environnementaux chez la femme enceinte proposé par l’APHP.


Au-delà de soigner, nous devons prendre soin des patients (#care vs #cure). On prend en charge un patient dans son environnement, et le kinésithérapeute mieux que quiconque, a cette capacité à aborder le patient dans une démarche globale. Lorsqu’on est à domicile, on peut observer des comportements délétères au sein même du foyer du patient et lui proposer des pistes d’action.

La sobriété c’est pas de l’austérité. La sobriété, moins mais mieux, c’est de la santé et l’opportunité de revenir à l’essentiel

Alice Baras, Professionnelle de santé et formatrice en santé durable.

La transition écologique chez les kinés

Passer à l’action pour devenir kiné écoresponsable

S’installer et pratiquer en mode écoresponsable, c’est possible et les pistes d’action sont multiples, à adapter selon le contexte de chacun et chacune bien sûr. La démarche environnementale présente des co-bénéfices santé-environnement mais aussi sociaux et économiques. Maîtriser son impact est généralement favorable à la structure grâce aux économies réalisées.

En termes d’actions, nous pouvons par exemple :

  • Optimiser l’espace en collaborant à plusieurs. C’est bon pour l’environnement et cela donne aussi une dynamique interpro. positive, permet de réduire les frais comme avec une salle d’attente commune, mutualisation des équipements
  • Permettre l’accès en transports en commun est un élément essentiel à viser avant de choisir son local. Le choix du transport pour les domiciles est également une action majeure à observer selon notre contexte
  • S’équiper ou s’approvisionner dès que possible en seconde main (il y a de plus en plus d’opportunités en lien et il est possible d’avoir des factures en seconde main aujourd’hui)
  • Utiliser des huiles écolabellisées, des produits d’entretien sans danger pour l’environnement
  • Evoluer vers moins d’usage unique en optant pour des draps lavables par exemple ou en demandant aux patients de venir avec leur serviette en leur expliquant au préalable « pourquoi » c’est une belle action de santé !
  • Mettre en place les astuces et écogestes pour moins de déchets
  • Rédiger la charte du cabinet

A la question « pensez-vous que choisir d’aller faire des remplacements à l’autre bout de la planète est un contre-exemple de la démarche écoresponsable en santé ? », Alice nous répond qu’en effet, l’impact « avion » est colossal vs les autres modes de transports (1 tonne de CO2 c’est 6 aller-retours Paris-Marseille en avion… et 125 en train). Si limiter ses trajets en avion pour aller exercer ou pour se former joue forcément dans le bilan carbone, il appartient à chacun et chacune d’arbitrer ce qui lui semble être futile ou utile.

Comment amorcer sa transition écologique en tant que kinésithérapeute ?
Les 3 piliers de la santé durable dans les pratiques de santé. D’après Baras A., (2022). International Health Trends & Perspectives. 2(3), SI: 27-47.
https://doi.org/10.32920/ihtp.v2i3.1713

Il est vraiment possible de se mettre en mouvement dès maintenant, lancer la démarche et ses multiples actions selon nos envies, notre contexte, au cœur de nos pratiques et de la gestion du cabinet et saisir cette opportunité d’être acteur et actrice de la santé protectrice du vivant.

Comme pour tout cheminement, le premier pas est le plus important. Il est indispensable de se faire plaisir avec ses collaborateurs et ses proches, célébrer les victoires : c’est le secret de la réussite.

Se former est une étape importante, mais l’offre de formations en santé-environnement est encore trop confidentielle. Pourtant l’intérêt est réel (et les jeunes générations de la communauté Rempleo nous ont bien notifié leur questionnement à ce sujet) et avoir accès à des données sourcées facilitant le passage à l’action plutôt que la simple transmission de messages anxiogènes est urgent.

Alice propose des formations interdisciplinaires en maison de santé par exemple ou spécifiques aux kinés. La prochaine est programmée en juin 2023. Son objectif : connaître les outils pratiques et les actions vraiment efficaces pour la santé aujourd’hui et celle des générations futures, y compris notre santé de soignant et débuter ou progresser de manière positive dans la démarche toujours en accord avec les recommandations professionnelles.

Intégrer une démarche écoresponsable en cabinet de kiné GEM-K formation, le 20 juin 2023 à Dole. https://www.gem-k.com/eco-responsable ou sur son site http://ecops-conseil.fr/

Alice note une vraie dynamique en santé-environnement depuis la pandémie. De nombreuses actions écoresponsables se connectent à tous niveaux :

  • Institutions : la CNAM s’engage sur le sujet, la DGOS a créé un groupe de travail sur l’écoconception des soins
  • Organisations professionnelles : des sociétés savantes comme celle des anesthésistes ou les urologues montrent la voie dans les écosoins
  • Associations : L’association Alliance Santé Planétaire ouverte à tous professionnels souhaitant soutenir la démarche de santé planétaire, innover ensemble. L’association Ecokiné est aussi force de propositions pour avancer.

Aux kinésithérapeutes d’accompagner ce mouvement individuellement, collectivement, avec toute la profession, tous les acteurs et actrices de santé !


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