Quoi ? Tu n’as pas lu le document de 19 pages que le CNO t’a envoyé en mars 2022 et qui
contient les 21 propositions transmises aux candidats à la présidentielle ? On te comprend…
Et du coup on l’a fait pour toi ! Par ici la synthèse…
Sommaire
Introduction
1- Faciliter l’accès aux soins, pour tous et partout sur le territoire
2- S’appuyer sur les 100 000 kinésithérapeutes, acteurs majeurs de la prévention
3- Soutenir le déploiement du numérique en kinésithérapie
4- Améliorer les conditions d’exercice des kinésithérapeutes, en voie de paupérisation
5- Promouvoir les pratiques basées sur la science
Conclusion
Introduction
En décembre 2021, le Conseil National de l’Ordre des Masseurs Kinésithérapeutes lançait une vaste consultation en ligne, afin de formuler des propositions sur l’avenir de la profession et du système de santé. Le but de cette démarche : élaborer un document de synthèse à transmettre aux candidats à la présidentielle.
Petit rappel des mesures principales proposées dans ce document, pour ceux qui n’auraient pas le temps de lire les communications de l’Ordre coincées entre deux mails de l’URSSAF et quatre de la DGS, ou qui souhaitent simplement un résumé clair et concis.
Faciliter l’accès aux soins, pour tous et partout sur le territoire
Généraliser l’accès direct à la kinésithérapie
Actuellement encadré et réservé à 2 cas spécifiques (lombalgie et torsion de cheville), le Conseil National de l’Ordre plaide pour une généralisation de l’accès direct des patients vers leur kiné. Objectif annoncé : faire gagner du temps au patient, faciliter son parcours de soins, et dégager du temps médical. 81% d’entre nous seraient favorables à cette mesure.
Élargir la capacité de prescription des kinésithérapeutes
Par extension à la proposition précédente, cet élargissement est apparu nécessaire à 87% des kinés exerçant en France : prescription d’imagerie, d’antalgiques, de bons de transport, ou encore d’arrêts de travail. Là encore, objectif annoncé de fluidifier le parcours de soin et libérer du temps médical.
Mettre en place une permanence des soins en kinésithérapie dans le cadre de l’urgence.
Bon, apparemment nous avons été moins nombreux à plaider en ce sens (63%)… Sont visées les kinés respi et la prise en charge des TMS. Bien que la permanence et la continuité des soins soient inscrites dans notre code de déontologie, et qu’à l’échelle de cabinets ou bien de secteurs, des confrères s’organisent, le Conseil semble proposer quelque chose de plus systématique, organisé (contraignant…?).
Créer des « zones franches sanitaires ».
Ce dispositif donnerait la possibilité aux professionnels s’installant dans ces zones de bénéficier d’exonérations fiscales et sociales (impôt sur les bénéfices, taxe professionnelle, charges sociales patronales et taxe foncière). 56% des kinésithérapeutes se diraient prêts à s’installer dans une zone sous-dotée si une telle mesure voyait le jour. Le conseil propose également une augmentation des aides à l’installation, et un élargissement des zones de revitalisation rurale.
S’appuyer sur les 100 000 kinésithérapeutes, acteurs majeurs de la prévention
Renforcer l’éducation à la santé et notamment à l’importance de l’activité physique tout au long de la vie.
Selon le CNO, plus de 80% des kinésithérapeutes estiment que l’éducation à l’importance de l’exercice physique et la prévention de certains facteurs de risques, seraient des outils indispensables à mettre en œuvre.
Ces actions d’éducation et de prévention pourraient être dispensées par le kinésithérapeute aussi bien en milieu scolaire qu’au sein des entreprises, ainsi qu’auprès des personnes âgées.
Mettre en place des bilans et des dépistages ciblés tout au long de la vie, notamment pour prévenir le risque de chute.
Soutenir le déploiement du numérique en kinésithérapie
Développer la télé-kinésithérapie
Citons ici simplement le CNO : “l’Ordre est convaincu que le développement de la télé-kinésithérapie pour certaines pathologies chroniques aidera à améliorer la prise en charge, l’observance, le suivi des traitements proposés et le maintien à domicile des patients”.
Il soutient également le développement de « cabinets mobiles » où les soignants (médecins ou non) pourront dispenser des soins aux populations les plus touchées par la désertification médicale, mais également proposer l’accès à une offre de soins plus large que leur seule spécialité. Ces cabinets équipés avec des outils de télésanté permettraient de proposer des téléconsultations à des patients isolés avec l’accompagnement physique d’un second professionnel de santé pour faciliter l’usage des outils, et accompagner le patient dans la compréhension d’un diagnostic ou d’un traitement.
Une “Maison France Santé” mobile en quelque sorte…
Permettre au kinésithérapeute d’utiliser la prescription électronique.
Celle-ci concerne les ordonnances de soins, de produits de santé et de prestations établies par les professionnels de santé (ainsi que leur transmission à l’Assurance Maladie par voie électronique), et permet de gagner en temps, en sécurité et en simplicité. Le conseil plaide pour que les kinés soient autorisés à recourir à ce procédé.
À lire également sur le sujet : Kinésithérapie et numérique, nouveautés… et questionnements.
Améliorer les conditions d’exercice des kinésithérapeutes, en voie de paupérisation
Poursuivre la revalorisation et l’attractivité de l’exercice salarié
Selon une étude menée par l’Ordre, il manquerait actuellement 3 090 équivalents temps plein (ETP) au sein des établissements de santé français, sur 20 000 postes budgétés. Ce déficit devrait doubler en 5 ans.
L’ordre recommande de développer des opportunités de carrière dans la recherche, l’enseignement et la pratique hospitalière, une meilleure rémunération, et de meilleures conditions d’exercice.
Assurer l’équilibre économique du modèle libéral
Près de 70% des kinésithérapeutes libéraux interrogés dans l’enquête de Décembre 2021 ont placé la rémunération dans les principaux éléments d’insatisfaction dans la pratique de leur métier, et en font l’élément d’insatisfaction le plus prégnant, loin devant les conditions de travail (47%).
Selon le CNO, de plus en plus de kinésithérapeutes regrettent que l’absence de revalorisation de leurs actes mette en danger leur capacité à accomplir correctement leur mission de santé publique. L’absence de revalorisation entraînant une augmentation du volume d’actes, au détriment de la santé du kinésithérapeute.
À lire également sur le sujet : Le revenu réel d’un masseur-kinésithérapeute libéral.
Promouvoir l’acte à domicile par une forte revalorisation
Les kinésithérapeutes sont parmi les premiers et principaux professionnels de santé à intervenir au domicile des patients. On peut déplorer que cette pratique soit de moins en moins viable, en raison de la faible valorisation des actes et de la compensation kilométrique qui ne correspond plus à la réalité économique des dépenses engagées.
Respectivement 77% et 66% des kinésithérapeutes jugent que les frais de déplacement et les actes pratiqués à domicile ne sont pas suffisamment valorisés.
Octroyer le statut de micro-entrepreneur aux kinésithérapeutes en exercice mixte
Avec un plafond à 72 600€ et un abattement de charges de 36% avant calcul de l’impôt, cette solution serait plébiscitée par environ 2/3 des consoeurs et confrères en salariat ou activité mixte.
Promouvoir les pratiques basées sur la science
Développer une recherche en kinésithérapie proche du terrain
Pour nos représentants, il convient d’ouvrir largement les fonctions universitaires et de recherche aux kinésithérapeutes, quel que soit leur statut. Par exemple pouvoir cumuler pratique clinique en établissements publics de santé, et pratique de l’enseignement et de la recherche ; ou encore permettre l’accès des kinésithérapeutes aux statuts de praticien hospitalo-universitaire, de chef de clinique-assistant et de clinicien-chercheur. Enfin d’accélérer le recrutement de maîtres de conférences des universités (MCU) et de professeurs des universités (PU).
Rendre plus accessibles les études de kinésithérapie
En France, il existe de grandes disparités dans le coût des études, en fonction que l’on soit diplômé au sein d’un établissement public ou bien privé (170€ vs 9000€/an ! ). Il apparaît indispensable pour le CNO que la formation initiale en kinésithérapie soit à frais universitaires (comme c’est le cas pour de nombreuses professions de santé avec qui nous partageons nos première année d’études : les médecins, les sage-femmes, les chirurgiens dentistes et les pharmaciens).
Promouvoir un cadre commun de formation en kinésithérapie à l’échelle de l’Union Européenne
Petit point de démographie sur l’origine du diplôme des 100 000 kinés exerçant en France : 71,72% de kinés made in France, 28,13% venant de l’UE, et 0,15% hors UE.
Le CNO plaide pour la mise en place d’un cadre commun de formation à la kinésithérapie en Europe, afin de garantir à son sens la qualité des soins dispensés en France et dans toute l’Union européenne.
Conclusion
Probablement seul organe représentant la profession à pouvoir entreprendre une consultation d’une telle envergure, on ne peut que saluer l’intention qu’a eu le CNO de mener celle-ci.
Toutefois, il eût été intéressant de publier les résultats complets de l’enquête menée en Décembre 2021. Ce qui, sauf erreur de notre part, (nostra culpa, on ne lit peut être pas non plus tous les mails du CNO) cela n’a pas été le cas. Dès lors, comment être certains que toutes les préoccupations majoritaires au sein de la profession ont été relayées ?
À l’inverse, si l’on prend l’exemple des télésoins en kinésithérapie, sommes-nous tous d’accord pour les promouvoir à grande échelle ?
Afin d’être mieux entendus, et d’être d’accord sur ce que nous voulons faire entendre, nous avons sûrement besoin de dialoguer entre kinés quant à l’avenir de notre belle profession…
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1- Le revenu réel d’un masseur-kinésithérapeute libéral