Kiné salarié ou kiné libéral, quel statut choisir ?
Au delà des seules conditions de travail, de nombreux facteurs influencent le choix du statut du kinésithérapeute et de son mode d’exercice. L’importance de ces différents critères est propre à chaque praticien.
Au-delà des seules conditions de travail, de nombreux facteurs influencent le choix du statut du kinésithérapeute et de son mode d’exercice. Couvrant un spectre très large (rémunération, vie familiale, protection sociale…), l’importance de ces différents critères est propre à chaque praticien.
Sommaire
Introduction
1 Le statut de kiné libéral
2 Le statut de kiné salarié
3 Rémunération et patrimoine
4 Indépendance, liberté et rapports hiérarchiques
5 Vie personnelle et familiale
6 Installation et formation
Conclusion
Introduction
Confort vs liberté, stabilité des revenus vs indépendance… Les kinés salariés et libéraux sont complémentaires dans leur pratique, pour autant leurs statuts présentent des caractéristiques diamétralement opposées. Si bien qu’il peut être difficile de se positionner au moment de faire un choix.
Tu te lances dans le grand bain, ou alors tu te demandes si l’herbe est plus verte de l’autre côté du statut kiné ? Tu es au bon endroit.
1- Le statut de kiné libéral
Le kiné de ville (ou de campagne !) perçoit sa rémunération en fonction des actes qu’il pratique. Il signe une convention avec l’assurance maladie qui fixe le montant de ses honoraires. Il a toutefois la possibilité d’appliquer un dépassement exceptionnel (DE) si le patient a des exigences particulières (exemple: uniquement des rendez-vous à partir de 20h45). Il a également la possibilité de pratiquer des actes hors nomenclature (HN). À toi les séances de DLM Renata França à 250€ les 15 minutes !
Si tu optes pour l’option libérale, tu pourras par exemple exercer en cabinet paramédical (individuel ou de groupe), MSP (contre un loyer), Ehpad (contre une éventuelle rétrocession), établissements thermaux etc. Ce statut est celui choisi par 80% des praticiens environ.
2- Le statut de kiné salarié
Lorsque l’on pense “kiné salarié”, on pense le plus souvent aux praticiens qui exercent leur mission en centre hospitalier (avec lequel ils ont signé un contrat de travail). C’est en effet le mode d’exercice salarié le plus répandu (17% du nombre total de kinés en France environ).
Il existe un lien de subordination avec la collectivité ou l’entreprise qui fait appel à ses services. On retrouve également des kinés salariés dans les cliniques privées, IEM, IME, SSR, PMU…
Si tu choisis ce statut, ta rémunération sera fixe. Elle dépendra du nombre d’heures de travail hebdomadaire et du taux horaire négociés à la signature.
3- Rémunération et patrimoine des kinés
Comme nous l’avons évoqué, la rémunération du kiné libéral se fait à l’acte. Il a donc totalement la main sur le montant de sa rémunération, et il peut décider de “travailler plus pour gagner plus” si bon lui semble.
Revers de la médaille : ses honoraires ne sont pas stables dans le temps, et peuvent subir des variations dûes à des phénomènes extérieurs (exemple : Vieux Boucau les Bains dans les Landes ; 1600 habitants en hiver, 25 000 en été).
Attention, le praticien libéral perçoit une rémunération brute à laquelle il doit retrancher des charges qui peuvent s’avérer très lourdes. Elles représentent un pourcentage important de son chiffre d’affaires qu’il faut optimiser (Impôts, URSSAF, CARPIMKO, Prévoyance, Contribution Foncière des Entreprises, logiciel métier, assurances, loyer, expert comptable, AGA, loyer ou mensualité, etc etc).
En revanche, il a la possibilité de se fonder un patrimoine, en devenant par exemple propriétaire de son cabinet voire plus en créant une SCI par exemple et en pilotant son plan de retraite. Il a également la possibilité de négocier la reprise de sa patientèle par un confrère lors de son départ à la retraite.
À ces arguments, le kiné salarié peut opposer une stabilité et une visibilité sur ses revenus, et bien souvent une charge de travail moins élevée. Il peut également se targuer de bénéficier de divers avantages comme des primes diverses, intéressements, parfois avantages en nature (logement par exemple) et n’a pas d’investissement à supporter pour commencer son activité.
4- Indépendance, liberté et rapports hiérarchiques
Dans le cadre de sa mission salariée, un kiné a la possibilité de travailler en équipe pluridisciplinaire, et de collaborer avec des confrères ou consœurs au sein de son service. C’est un des points positifs les plus souvent cités par les praticiens qui ont fait le choix de ce mode d’exercice.
Le kiné de ville quant à lui est souvent seul face à sa patientèle. Même s’il exerce en cabinet de groupe, il a moins fréquemment la possibilité de pratiquer de manière transversale. Dans les faits, la collaboration avec les autres professionnels de santé (infirmiers, ergo ou médecins par exemple) est bien souvent trop peu développée.
La lourdeur administrative est moins pesante du côté du salariat, et bien souvent un soutien logistique, informatique et matériel sont apportés. Le kiné dans son cabinet peut s’offrir les services d’une secrétaire (vous reprendrez bien un peu de charges ?) pour pallier une partie de ces problèmes.
En revanche, il possède une liberté totale : aucun lien de subordination, liberté de s’associer avec d’autres praticiens pour diminuer ses charges, maîtrise (relative) de son agenda… Si tu fais le choix de l’indépendance, tu auras la liberté de t’installer dans le secteur géographique qui t’intéresse (hors zone surdotée, voir le Portail d’Accompagnement des Professionnels de Santé (PAPS) de ta région et le fonctionnement du conventionnement en zone surdotée), et non en fonction d’une structure qui pourrait t’employer. Après soyons clairs, la tension est très forte sur le recrutement de kinés salariés, et on peut trouver des postes vacants dans l’ensemble des territoires français.
5- Vie personnelle et familiale
Le plus gros point positif de cette section va pour l’exercice salarié. La maîtrise des volumes horaires peut avoir un côté rassurant, et représenter une tranquillité d’esprit pour nombre de praticiens notamment en zone sous-dotée.
Pas d’urgence à gérer, ou de patient en détresse à qui expliquer qu’on ne peut rien pour lui avant 5 jours. Pas d’appel à 17h45 le vendredi soir pour une bronchiolite prescrite dimanche et jours fériés (bon ok ça n’existe quasiment plus. Mais ça arrive encore !).
La question des remplacements, notamment en cas de congés maternité/paternité, ou bien d’arrêt maladie, n’est pas sous la responsabilité du kiné salarié qui peut sereinement envisager ces périodes (à toi le trek au Népal sans tracas !). Il bénéficie même de congés payés. Pour un praticien de ville, la recherche d’un(e) remplaçant(e) peut s’avérer très compliquée, à moins d’utiliser les bons outils.
6- Installation et formation kiné
S’installer en libéral peut être complexe selon les secteurs : trouver un local, une patientèle, entamer les démarches administratives… Certaines communes qui sont en forte demande peuvent toutefois apporter leur aide sur ces différents points.
Les contrats d’aide à la création de cabinet (CACCMK 50 000€ sur 5 ans) ou à l’installation des MKDE
(CAIMK 34 000€ sur 5 ans) en zone sous dotée , l’exonération d’impôt sur le revenu en ZFU ou ZRR sont aussi des dispositifs qui peuvent faire pencher la balance pour ce mode d’exercice.
À noter que la création d’un cabinet libéral peut représenter un coût très important, en moyenne de 15 000 à 60 000€.
Concernant l’accès à la formation : il est facilité pour les kinés salariés (formation payée par l’employeur, salaire maintenu pendant les heures de formation, pas le souci de trouver un(e) remplaçant(e)).
Les praticiens libéraux peuvent quant à eux voir leurs formations financées par l’OGDPC ou
le FIF-PL, dont le catalogue est disponible ici, et peuvent bénéficier d’un crédit d’impôt (calculé sur la base du nombre d’heures passées en formation, dans la limite de 40 heures par an, multiplié par le taux horaire du SMIC).
Conclusion
Il n’existe pas de mode d’exercice idéal, et certains arguments que tu peux considérer comme très avantageux vont se révéler rédhibitoires pour ta pote de promo.
Selon à quel stade de ta carrière tu te situes (les jeunes kinés se tourneraient en plus grande proportion que leurs aînés vers les postes salariés par exemple), à quel train de vie tu veux avoir accès, la dose de tranquillité ou d’indépendance dont tu veux jouir ; le choix du statut de praticien libéral ou salarié se fera plus évident.
Toutefois, cette décision de statut kiné n’est pas gravée dans le marbre, et tu pourras tout à fait passer d’un mode d’exercice à l’autre au cours de ta longue carrière.
1- La recherche de l’amélioration continue dans l’exercice de la kinésithérapie
2- Rezone kiné : la démographie des kinésithérapeutes en temps réel
3- L’installation en tant que kinésithérapeute libéral : les premières démarches